Notre passé n’est pas à vendre

  • Laurent Olivier Musée d’Archéologie Nationale 78105 Saint-Germain-en-Laye (France)

Abstract

L’archéologie est aujourd’hui brutalement attaquée dans sa raison d’être, sous l’effet de la pression d’une logique de marché, à laquelle elle devrait se soumettre au nom des impératifs de la «gestion du patrimoine archéologique». Cette soumission trouve sa forme la plus visible dans l’essor de l’archéologie dite «préventive», mais elle touche également, sous des formes non moins violentes, le fonctionnement des musées et de la recherche institutionnelle. Cette mise au pas de l’archéologie se traduit, à l’intérieur de la discipline, par le développement d’un véritable processus de prolétarisation de la recherche. A l’extérieur, la «marchandisation» de l’archéologie défait le lien politique qui unit l’étude et la préservation des vestiges du passé à la communauté des citoyens qui les ont reçu en héritage. Ainsi cette soumission à la norme économique produit-elle une double exclusion: elle exclue les archéologues de leur propre discipline, comme elle exclue les citoyens de leurs propres affaires; à savoir la chose publique, la res publica. Partout en Europe, le même constat s’impose: une nouvelle classe de technocrates prend le pouvoir sur les chercheurs et les créateurs. Elle démantèle les domaines dont elle s’empare pour en faire une simple activité de production économique, désormais vidée de son sens. Nous ne pouvons, en conscience, abandonner la conduite de notre discipline. N’abandonnons pas l’archéologie, comme nos prédécesseurs l’ont abandonnée au fascisme et au nazisme.

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Pubblicato
2013-05-27
Come citare
Olivier L. (2013). Notre passé n’est pas à vendre. Complutum, 24(1), 29-39. https://doi.org/10.5209/rev_CMPL.2013.v24.n1.42323
Sezione
Artículos